Terrain d'expérience et laboratoire de recherche pour perfectionner les
conduites d'aide dans les situations d'urgence, l’importance de la
communication optimale pour ne pas perdre de temps dans l’échange peut amener à
faire exécuter une manoeuvre de Heimlich
par téléphone.
Alors, en quoi était payée la cigogne , ou de quoi se payait elle ? Bien sûr, des avantages matériels, un logement vaste (belle exposition, vue panoramique dégagée, étage élevé, grande terrasse, bien situé, commodités, aménagements traditionnels, immeuble de caractère, sans pas-de-porte, gardiennage & bail longue durée possibles, tel.hr.), des facilités permanentes de déplacement, des voyages fréquents sous des climats agréables, faisant ses choux gras de ramener roses des bébés, avec accueil protocolaire réservé et considération respectueuse quasi unanime. Et une forme de renommée comme notabilité discrète, reconnue d’utilité publique, oui, comme garant de valeurs morales, des libertés individuelles, liée, même sans s’en prévaloir, à de longs états de service actif pour la sauvegarde de libertés fondamentales, liberté de circulation, liberté des voies aériennes, rétablissement de la liberté de parole, du libre échange et la liberté de penser associée... L’argent n’y avait la place que du service compris. Souvent cité et récité, "Qui sauve une vie sauve l’humanité" donnait du prestige aux discours en son honneur... grâce à cette formule prodigieuse pour conserver la qualité au prix de la quantité... devise de valeur, reluisante comme la face d’une médaille cachant au revers gravé " Le dernier parti éteindra la lumière."... La cécité... reste encore une crainte obscure...
Pour autant, elle était loin de se prendre pour le sauveur de l’humanité même de cette espèce canine, elle en avait déjà trop vu, sinon trop perçu du goût même du mangeur de cigogne. Ses ailes et sa mémoire portent encore en liseré sur le bord de fuite, le crêpe noir des deuils, des échecs dont elle se sert aussi pour avancer, sans les étaler hors de propos. Et sans dénigrer son savoir ni son pouvoir, une cigogne blanche n’est pas assez candide pour compter rendre meilleurs tous les loups. Plus performante, confiante, et assurée, la cigogne s’estimait payée en retour aussi, à la réflexion, à faire partie du monde de la santé, un espace de curiosité, de recherche, d’invention, d’échanges, d’utilité sociale reconnue, de renommée, un ordre procédant clairement de l’adaptation de l’autorité de l’expérience du savoir de la science de la pratique du commerce de la communication, admettant encore les virgules adéquates aux circonstances, aux personnes et aux défauts de langue.
L’éthique médicale se soucie plus de la qualité du praticien et de ses actes
que de celle du patient... Et elle n’était pas prête à en déroger... Tenter
d’empêcher la corruption physique du loup, au risque d’en perpétuer la
médiocrité morale, était-ce prêter aussi l’oreille, voire offrir un libre cours
à la canaillerie ?
En toute connaissance de cause, elle n’avait à connaître que des blessés ou des malades. La résolution d’une dépendance extrême et urgente souligne la valeur magique unique et la séduction du pouvoir de sauvetage. À partager et distribuer largement, sous peine de susciter des contestations du pouvoir et des mouvements réactionnels au renversement des dépendances. Laissant prévoir que la prévention et l’éducation sanitaire devraient être faites par les spécialistes même de l’urgence, pour en éviter la disqualification.
Sauver une vie au prix de la sienne alimente surtout les réflexions des autres. Il importe de commettre les loups dans le protocole du secours, sans le dénaturer. L’entraide, une des sources de l’humanisme médical, gagne encore à être partagée, et diffusée, avec le "primum non nocere", à savoir "d’abord, ne pas nuire", rappelant au médecin son origine d’ intercesseur polyglotte, à traduire en une autre langue, incompréhensible éventuellement, où elles peuvent prendre sens, les plaintes, souffrances et signes présentés par le patient, puis en actes...
Difficulté supplémentaire, faire preuve de légèreté dans l’usage du stylet
du choix des mots ou de l’ordonnance paraîtrait négliger la gravité ou
l’urgence possible du cas. En faire litière maintenant, ferait le lit demain
des procès-verbaux de fautes lourdes d’autant plus qu’elles étaient alors
remédiables... de quoi mettre tout un service dans de beaux draps.
Le pouvoir de rendre la vie, de la sauver, et de partager les bénéfices de l’opération (bien faire, faire faire bien, et en profiter), tous les loups ne s’en trouveront pas améliorés, mais cela permettra d’en former quelques-uns aux soins, d’en percevoir l’utilité et les difficultés. Cela favoriserait-il une évolution entre chien et loup, sachant bien que même si les chiens s’en trouvent flattés, il n’y aura pas seulement des qualités dans ce qu’ils ont acquis, ni des défauts dans ce qu’ils auront perdu...
Soigner rend-il meilleur ? Le bénéficiaire ou le dispensateur des soins ? à qui profite le soin ? À d’autres encore ? Se faire soigner par, c’est prendre soin de, et... avoir soin de... le médecin et le patient sont partie liés avec un art du possible où parfois, coups de théâtre, des mots démasqués s’ouvrent fugitivement comme des portes dérobées livrant passage au double-sens entrevu de la souffrance du corps...
Un état se soigne, mais dans quel état se trouve-t-il ? L’évaluation de la qualité des soins peut se discuter, mais sans mesure définie, comment faire ? Améliorer l’état de maladie est possible, mais améliorer les individus en l’état peut être une autre question... suivant que s’y trouve accentué le caractère minuscule ou au contraire, la présence d’une grande capitale, c’est important... et bien équipée, oui, insistante question demeurée en l’état... Éh bien, et qui paie pour les médecins ? Une santé quelque peu précaire, chancelante entre les rétablissements périlleux et les imprévus de la sécurité individuelle, sociale, collective, publique, ou des interventions... assortis ou plus ou moins amortis d’assurances aux attributs identiques, au pluriel près.
Si c’est bien le lieu d’en décider, faut-il convenir que le débat reste en l’état encore depuis lors ? Fin de piste pour l’envolée.
Mais revenons à l’observation du patient... Il se sentait mal et s’est trouvé mal, plus d’un pourrait se trouver bien de se sentir mieux, et en exprimer quelque gratitude alentour mais revenu à la vie, et à lui inchangé par cette expérience, fourbe ingrat reconnu, il pourrait se sentir mal de se trouver bien, ou même anticiper qu’il y a de quoi se sentir mal de le trouver bien.
Mais non... "D’avoir de mon gosier retiré votre cou", par cet extrait, lui
serait accordé généreusement de retrouver un droit d’expression, omettant
qu’elle a aidé le loup à récupérer le sien, si mal employé, du reste...
plastronnant dans le paradoxe, perçoit-il qu’à aiguiser des pointes, il accuse
ses traits de maître-escroc ? même sous la forme élaborée d’un déni, un mensonge
peut-il abolir la vérité ? la dissimuler, pour un temps, l’imparfait du
travestissement... mais se débarrasser de la vérité n’est pas si facile... il
s’en trouve toujours de cachée..." Vous êtes une ingrate..." : il y a du vrai,
non qu’il ait payé de sa personne, ou qu’il se soit donné à la tâche, tout au
plus il s’y serait prêté, quelque peu poussé par la nécessité, tout en restant
au premier rang des bénéficiaires... il ne voit pas, il ne sait pas ce qu’il
dit, inconscient même du progrès de la solution où il engage, mais ne peut
envisager, de crainte de perdre son image de seigneur. En tâchant d’empêcher ce
qui est déjà entendu, la permutation d’un e en a, confirmée par la retenue d’un
lapsus calamiteux, tracé en rouge à l’empreinte de sa "patte" quand elle tombe
sur une plume. En s’évitant un pâté dans la signature d’une croix marquant de
son arbitraire la lettre de cachet contenant aussi l’aveu pénible d’un
analphabêtisme caché dans la malédiction d’un voeu de mort persévérant dans ses
poursuites oiseuses. Et ce ne sont pas les mots qui l’étouffent, là, où toute
équivoque serait dissipée par ceux qu’il étouffe. Alors, guéri&nnsp;? Remis sur
patte, il ne parvient pas à s’en refaire une santé pour autant, à en juger par
l’absence de toute préparation culinaire végétale accentuée dont il aurait pu
l’entourer. De quoi rappeler qu’il ne faut pas faillir ni tomber dans le
voisinage d’un loup.
À cette fable n’est-on pas fondé à penser aujourd’hui, et maintenant, qu’il manque une ligne, qui sait où ? Un oubli, une machination ? Un impair, c’est certain, avec l’impératif d’en finir aussi rapidement et fielleusement sur des menaces de mort. Mais que fait donc la police, après que la ligne 17 a été composée ? Ce vide confine au malaise. Serait-il comblé maintenant, par le tracé d’une ligne de plus, numérotée 18, par les pompiers ? Une nécessité, répondant pour partie à une demande publique métropolitaine à la fin du XXème siècle, et s’il y a le feu pour quelqu’un mais sans flammes, reliée au 15. Et si vous avez composé le 18, ne quittez pas... Même si ces services n’étaient encore pas numérotés, à travers l’esprit du bonhomme, se pointait déjà la question de l’alarme et de ses supports, et l’évolution de leur conception ? Pour la cigogne, ponctuelle à la ligne, il était difficile de satisfaire ses préoccupations de bonheur en gardant en permanence l’alarme à l’oeil. Et avec le bonhomme, l’idée poursuivait son chemin vers les lignes virtuelles du téléphone... Avec trois vers, l’esprit de La Fontaine arrive encore par une disposition favorable, à obtenir à l’oeil le règlement sans forfait de la facture des communications, mais mieux vaudrait compter à la prochaine échéance sur l’assurance d’un modique branchement de télécommunications à venir.
La discrétion des murmures de La Fontaine peut permettre de rêver, et sa
familiarité, charmer, mais en tendant l’oreille, aux bruits que sa langue fait
entendre, il y a de quoi dresser les deux. Et même les cheveux sur la tête !
Il reste des cités où l’impossibilité de ranimer un mort peut en faire
d’autres...à qui suit le manège des ambulances en restant vigilant à
l’attraction, depuis longtemps s’impose le respect de pousser en cas de
nécessité, et de ne pas tirer dessus. Assurer l’efficacité et la sécurité des
interventions, c’est empêcher le renouvellement ou la multiplication d’un
drame, obvier à l’obscène reproduction des morts ou plus simplement comment
d’un mort ne pas en faire deux... Une élémentaire hygiène de la vie, dont
l’exercice marche rapidement sur des plates bandes où les gueules de loup
auraient, au fond, la couleur des nuits brunes ?
Remontées entêtées des rumeurs assourdies engorgeant les esprits dans les
brumes de l’humanité... Conspirations puant la bêtise ou transpirant
l’ignorance, une bonne inspiration ne suffit pas toujours à les traverser...
Sauver la vie n’est pas sans risque. L’urgence de la non-assistance à personne
en danger doit éviter la nécessité du recours de la légitime défense, même face
aux gesticulations menaçantes du fantoche agité d’une clique sanguinaire.
La menace insistante larvée dans les derniers vers peut asticoter encore des
souvenirs d’éclosions de la dernière barbarie, et n’était pas en l’air pour les
disparus sans bières, ni fleurs ni couronnes, dans une de ses métamorphoses
accompagnant la peste brune, dont une stèle garde encore avec peine la mémoire
à Cronenbourg.
L’angoisse archaïque fraye le chemin, à la phase d’invasion précédant des éruptions brutales infectes et dévastatrices, sans égard à la nature des opérations, ajoutant ou multipliant les ravages des épidémies, faute d’accepter d’en comprendre la transmission, et il était moindre dérangement de se débarrasser de qui donnait l’alarme que de se décider à lutter contre l’invisible envahisseur.
En l’an mille trois cents quarante neuf, la peste noire avant même d’atteindre Strasbourg, y avait entraîné déjà la mise au bûcher de deux milliers de ceux supposés à tort la causer ou la répandre, et plus d’une génération passera avant que ne revienne s’y installer un remplaçant des médecins partis aussi en fumée...
L’échappée belle à travers la fuyante maîtrise de l’air, était plus enviable
alors, et plus visible que l’utilité rampante de la connaissance en pointillé
du parcours des sauts des puces des rats avec leurs communs bacilles, qui
mettra encore quelques siècles avant de sauter à l’oeil d’Alexandre Yersin, soulageant
l’humanité des épidémies de peste noire, sous l’aspect bactériologique et
physiopathologique au moins... Voyantes admirées et paisibles, les cigognes n’ont été pour autant, à
l’abri de la malveillance ou d’être chassées et de trouver leur survie avec
quelque détour...
À la plage du dimanche, le barman s’affairait à la buvette, attrapant
adroitement par leur long col vert les canettes par paires pour désaltérer
baigneurs assoiffés et spectateurs admiratifs du ballet du désigné Storch
infatigable et régulier à tirer dans toute la largeur du fond de ciel bleu une
longue bannière rappelant à ceux qui auraient la tête en l’air, l’impératif
vibrant de boire une "Stork" bien fraîche. Plus rapides et plus courts, avec
quelques battements, les allers-retours du serveur avec les fameuses "stork
beer" promptes à atterrir, produit d’une migration vers le sud de quelque
société alsacienne de brasserie, peuplant les plateaux d’images de cigognes dont le plumage
se couvrait de condensation et la tête traversait des nuages de mousse à mesure
du remplissage des chopes...
Pas besoin, gamin, de grandes envolées enflammées pour se faire traiter d’as des as à la moindre acrobatie ou erreur tactique en paroles ou en modèle réduit... Plans, boites, plaques de balsa, baguettes de peuplier ou de spruce, colle cellulosique, corde à piano, papier japon, caoutchouc, peintures, hélices, moteurs à réactions (décevantes), à explosion (traître), vapeurs grisantes de carburants volatils, et odeurs raffinées de lubrifiants aromatiques brûlant de prendre l’air, emplissaient la vitrine de nos rêves et s’échappaient de l’espace du magasin, juste en bas de la maison et presqu’en face de La Chope, grand café du centre ville... Avec sa perspective rapidement brisée d’un angle, sans en altérer la belle apparence, la rue Guynemer, était à deux pas.
De la brasserie qui en faisait le coin le plus achalandé où se retrouvaient, dissociées, les recettes de succès indigènes ou modernes, les Stork rangées dans les casiers sortaient en escadrille aux heures de coup de feu soutenir l’assaut des brochettes des passants aux appétits aiguisés par une fraîcheur océanique, et ponctuer la vivacité de leurs échanges par la chute métallique des capsules et de la mitraille sur le marbre, réverbérées par le béton armé des arcades, enveloppées dans les bouffées grésillantes d’un fumet de grillades irrésistible...
Lieu dit, jamais écrit à telle enseigne, l’«Américano» exhalait une lointaine consonance hispano-américaine avec un panache emportant déjà au plafond d’un premier palier le parfum mêlé d’odeur de suie générée par les petites saucisses relevées en panne, les minces tranches de viande, coeur, foie ou rate farcie longuement maintenues sur des charbons ardents dans la transe agitée d’une petite brigade aux mains rougies aussi de les avoir taillées en pièces, la trace dissipée de nébuleuses projections transatlantiques vers le sud et le nouveau monde, et le souvenir de convives pas tous ni toujours dans les nuages, ou propulsés en l’air comme sur terre par des Hispano-Suiza, au cabochon de radiateur supportant de son mieux le vol de l’emblématique cigogne de l’Escadrille, avant un nouveau départ.
Pour un dernier rendez-vous, les rues familières alentour portaient encore
les noms de ces aventuriers modernes, acrobates costumés en officiers en
particulier et de l’Aviation Française en général, partis voler de leurs
propres ailes aux nervures saillantes sous la toile tendue dans des appareils
incertains, libres comme l’air, dans une pétaradante succession avant leur
disparition : Védrines, Pégoud, Malherbe, Claude, Poggi, Roget, Vidal,
Berthelot, Prom, Payan... et Mézergues, où planaient des airs classiques issus des
fenêtres de l’aînée de mes tantes, qui en faisait jouer les notes, avec la
rigueur d’un métronome, piano piano, de ses deux impressionnants crapauds...
cette ville blanche, vers 1920, au propre, avait été le point de chute, à bout
de souffle, de l’Aéropostale, avant de n’être plus qu’une escale
dans ses rebonds sur le chemin de Santiago... Elle avait gardé près du Camp Cazes,
camp d’aviation dès 1913, renommé Aérodrome, la place des Aviateurs, la trace
de l’Avenue de Mermoz, et d’un boulevard Guerrero...avant la perte des Coli,
Nungesser, Saint-Exupéry... héros disparus,
survivants, certains de la Grande Guerre et de l’Escadrille des Cigognes,
arrivés pour suite civile en apparence moins glorieuse au début, à porter loin
et plus vite, paquets et sacs de courrier... ces grands oiseaux tranquilles
comme emblèmes tutélaires, avaient illustré au mieux leur désir de retrouver
l’Alsace et Lorraine, la confiance dans leur retour escompté, l’estime assurée
de leur navigation en tous temps, l’espoir de voir voler leur groupe longtemps,
plus loin, et au delà encore...l’Oiseau Blanc, une cigogne blanche ?... donnant
des ailes au progrès avec le progrès des ailes et une pacifique élégance
intemporelle... suivant régulièrement la Ligne avant la lettre...
Ses allers et retours, et ses facilités de transit avec des mondes inconnus,
supposaient un sacré caractère, indépendant et autonome, gardien discret de
savoirs et de secrets... reconnue et certifiée migratrice depuis la
renaissance, avec le souligné rétrospectif des limites de la cosmogonie de ce
temps, la cigogne a porté les espoirs et les rêves les plus chers des hommes
sans doute à cause de leur familiarité, seul oiseau sauvage de grande envergure
à demeurer proche et dans la compagnie des hommes sans s’effaroucher à nicher
sur les cheminées des villages, migrateur régulier vers l’au delà, de retour
l’année suivante, long courrier rapportant fidèlement les petites nouvelles, et
les petits nouveaux... la cigogne a vu du pays, à tire d’aile survolé, traversé
les états de grossesse, les états d’urgence, les états maternels, les états de
trouble, surveillé les marches, sans se perdre entre des nuées d’états ou dans
les limbes, rapportant les rêves d’enfants en enfants de rêve, avec allure
compassée de rigueur pour des petites irrégularités compensées voire
constatées...
Son effigie en vol stationnaire, veille et accompagne à cette altitude
proche autorisée par le plafond de la salle d’examen, les patientes d’Hubert
Manhès, géniecologue méritant cette si commune appellation comme véritable
inventeur d’une chirurgie efficace discrète et respectueuse, laparoscopique en
un mot, dernier avatar mécanique optique fibroscopique électronique des
techniques tubulaires, avec le bruit des instruments en bloc, de la cigogne...
En poursuivant la ligne vers de nouveaux horizons, elle avait vu d’autres cieux
et lieux, et n’avait pas renoncé à en voir d’autres, avec d’autres yeux et
mieux. Et continué d’étendre sur les territoires couverts de ses ailes une
réputation de savoir et de savoir-faire, le meilleur remède contre le
fatalisme.
Se retrouverait-elle partie pour faire l’économie de l’exercice d’un geste
salvateur, dont l’application sans délai, quoique peu fréquente, reste bénigne
et efficace trois fois sur quatre ?... A croire que dans son exercice, cette
opération ne laissait pas de dividende, elle en aurait perdu son latin ! Dans
ces sociétés maintenant assez connues pour être anonymes, les éventuels
bénéfices ne se touchent pas immédiatement et sans partage justement lié aux
apports de chacun. Et le bilan ne pourrait être clos sans rajouter une ligne
encore qui tienne compte des rapports ultérieurs de sa diffusion
internationale, pour lesquels elle avait déjà recueilli des souscriptions
importantes, de Phèdre à La Fontaine.
Ayant ouvert d’autres lignes, en tenant les distances, elle n’était pas en reste... poursuivre la diffusion... continuer d’appliquer sans sourciller une formule paradoxale dont le secret pouvoir augmente d’être connu du plus grand nombre et tient au soin des communications et du commerce... la prévention... au delà du savoir faire, le faire savoir.
Au delà de la performance individuelle de sa virtuosité technique, elle
poursuivait encore son travail d’extraction, réduisant à l’essentiel un
viatique allégé pour le plus grand nombre, avec les élaborations de fabulistes
complaisants à se compléter en complices accomplis, pour garder vivante la
question au delà de son terme actuel.
Elle avait suivi et appris les grandes lignes de l’histoire, et avec de
fréquents entretiens, continué à garder la ligne, non sans élégance, en restant
confiante dans sa direction... l’angoisse millénaire d’être pieds et poings
liés ou les ailes brisées, comme la loterie pour échapper à une fatalité
confondue à être dans la gueule du loup. Résultat d’une catharsis préalable
ou au pire d’une thérapie par immersion, elle pouvait s’y mettre, sans torture
et au travail à son corps dépendant...
La connaissance d’un geste, d’un mot, peut changer le sens de l’histoire, ou
la manière de la comprendre ou de l’apprécier.
L’absence de ligne morale à cette fable signifie-t-elle pour autant que
cette fable est amorale ? voire immorale ?
Egrener quelques perles de morale trouvées éparses et bien polies déjà dans
d’autres fables permet de retrouver le fil et de reprendre le collier : brille
par son absence celle du conte de Perrault, "Le loup et le corbeau", "est un
parfait ingrat qui répond à un bienfait par une offense", et pourrait bien
figurer "un bienfait n’est jamais perdu" et aussi "à quelque chose malheur est
bon", puis celle du Charretier embourbé (Livre VI,19), avec un ajout opportun
qui en ferait : "Aide-toi, le ciel t’aidera, et un secours sera toujours
assuré", aboutissant à un consolant "à terme, il y a raison à tout" enraciné
sur une espérance très irrationnelle ou un très pratique "Ne parle pas la
bouche pleine !"...
Une manoeuvre salvatrice suffirait à remplacer la morale dans une fable ? C’est
certes plus utile sur le moment, mais à terme, ne peut remplacer.
Qu’importe la morale ou même son absence, si la vie est sauve ! Passé le
soulagement marqué du point d’exclamation, la moindre perspicacité dans la
survie ne tarde pas à l’y transformer en un point d’interrogation, après
beaucoup de questions... Question de morale, la morale en question met la
morale à la question... L’éthique est aussi une question de survie... Sans
doute serait il plus aisé de garder bonne allure dans la vacuité spacieuse
dégagée pour les grandes allées d’un jardin à la française de la culture que
dans les épineux fourrés alentour, pour éviter les accrocs...
Alors, que la morale y manque, mènerait à un manquement à la morale ? Non,
mais foin d’une morale dogmatique !... sans écrire un mot de plus, La Fontaine a
discrètement laissé la clôture ouverte, passé la main et laissé place à un
débat, une morale à venir, assaisonnée, de régime, temporaire, provisoire,
humaine, diététique, médicale éventuellement, relative, à développer, peut-être
plus large en temps de vaches grasses, et plus dure quand les rigueurs du temps
les ont rendu chèvres, et réellement étiques, au point même pour les bouchés
d’en laisser le h choir de découragement...
Alors, l’apologue, un manuel à la page avant la lettre et avant la page d’éducation morale, sociale et plus encore... Tonnerre de Zeus ! Et la fable, distraction poétique... serait entrée dans l’éducation sanitaire par inadvertance ?
Psychosomatique, relations suspectées, inspectées, soufflées, expectorées, de l’esprit au corps et réciproquement, interactions ou renvois ? Une augmentation de l’espérance de vie assurée par la lecture des fables de La Fontaine ?
"Ad usum delphini", ce résumé éducatif, digne des princes ? S’il devait servir à éclairer, "primus inter pares", le dauphin, il pouvait être aussi utile pour la gouverne des petits marquis les plus turbulents à en suivre le cours ou à obtenir un premier prix, version chocolatine... et même pour améliorer l’ordinaire de tous, en liant avec élégance leur ligne ou leur espérance de vie à l’avertissement de l’esprit par l’expérience.
Les études continuent de le montrer, ce qui est par trop contraignant, la conjonction des peines ou le pénible en continu, raccourcit la durée de la vie ou lui ôte de son prix, pouvant même faire révérence à l’apparent simplisme entendu d’ "à bon entendeur, salut !"
La fable dans la médecine fondée sur l’évidence ? Grande surprise ? Les
niveaux de preuves atteints sont tout à fait estimables, par la constance de
son emploi au fil du temps, la reconnaissance de son effet souverain bien au
delà des frontières, la relative facilité de prescription à l’enfant et
l’adulte, une abondante littérature sur l’étendue et la souplesse de la
posologie... l’éducation sanitaire, entamée non seulement avec les "Airs, eaux,
lieux" d’Hippocrate mais avec Esope ! Qui ne le savait déjà, au fond mais c’est
bien là un des caractères propres à l’évidence.
Le rire thérapeutique s’étant établi récemment à des hauts niveaux de preuve, je m’avance à moindre risque, sourire prévenant à l’appui, prêt à reconnaître mon erreur, mais le courage d’un mot ou d’une formule peut avoir le mérite d’en assurer d’autres, à la suite du bonhomme reconnaissant ses sources... grâce à la prévention par le sourire ! un accès à une vie meilleure et en ce monde ? Avec La Fontaine, un sourire énigmatique entendu sans haine, comme étendu du coin de la bouche à l’ouverture de l’esprit complice, enfin reconnu généreux promoteur de l’hygiène publique, pas tant au titre de maître des eaux & forêts que pour intelligence avec l’animal en soi ?
Alors, le loup, quelle place lui reste ? inconsciente victime certaine à en faire d’autres, et à poursuivre bientôt pour indemnisation illusoire d’un dégât des os dû au débordement de prétentions infondées ? pour lui trouver qualité, à choisir le terme provisoire de cette quête d’actualité, il serait difficile d’en faire un assistant... plutôt un second couteau ou un collaborateur, au pire sens donné en cette langue par l’histoire, avec l’aboutissant logique du pire pour lui... avec un passé trop encombrant pour rentrer dans l’oubli au placard, échappant de justesse à une mise au secret médical, pour en avoir trop fait voir des ressorts de ses pièges et de ses dents, pour avoir trop souvent ouvert sa gueule dans cette représentation ingrate de la bêtise, il est retenu pour la façade au rang de faire valoir, par une grande langue bien pendue, ravalé en gargouille au bord d’une chute vertigineuse dans la poubelle de l’histoire...
Le ridicule ne tue personne, comme substantif, mais peut s’avérer fatal
comme adjectif pour qui n’est pas disposé à cracher le morceau assez vite.
Détail piquant, l’histoire prend également son relief avec lui...
Progressant dans l’espace de friches inondées grouillantes d’espèces dont la vitalité s’accommode de cet apparent laisser aller au milieu des productions fluctuantes de La Fontaine, échassier au-dessus du lot, sans se traîner dans la boue, l’oeil pointu, le bec précis, seule au milieu des marécages, arpentant les roselières, la cigogne retrouverait-elle la place de phénix des hôtes de ces bois dont on fait les flûtes... où le souffle des rêveries se frottant au bec de la réalité fait chanter des odes vibrantes poussant sans fin hors des modes, la mélopée déconcertante des découvertes...
Avait-t-elle eu vent de l’histoire pour savoir prendre les devants ? Probable qu’il y reste encore plus de connaissances cachées dans une touffe de roseaux au printemps, ou juste derrière, que d’accessibles dans les plus fournis des sites bourgeonnants du réseau... les airs courants de l’histoire seront toujours assez forts pour soulever des plumes et déranger quelques barbes... Et qui n’aurait de loin reconnu ses qualités de pince sans rire depuis longtemps... Au prix de quelques clins d’oeil, le scintillement agité comme des mouches de multiples petits soleils, kaleïdoscope accordé au temps de son pas dans l’eau, n’empêchait pas l’entraînement à l’exercice de son goût, satisfait de l’ordinaire miroitant d’un menu fretin...
Vous pensiez justement à lui en dire deux mots ?
Avant, pour le courrier, c’était poste restante, mais elle est restée dans le
vent, ouiiiii,... Un travail, oui, pour rester dans le coup... pour ne plus
arriver devant des corps privés de vie... et pour la vie privée, pas facile,
non plus... elle continue de recevoir les messages, oui,... déposés dans son
nid-mail, c’est ça... l’adresse ? Marc
Ohana... Oh ! oui, tout en gardant ses distances...elle passe
régulièrement, elle vient voir... affabulation ? une maladie ?... il en a fait
une chronique, lui !... un battement d’aile, et salut la compagnie !