Le Loup et l'Agneau


            Livre I,  fable 10


La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.

        Un agneau se désaltérait
        Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
– Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
    Dit cet animal plein de rage :
    Tu seras châtié de ta témérité.
– Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté
    Ne se mette pas en colère ;
    Mais plutôt qu'elle considère
    Que je me vas désaltérant
      Dans le courant,
    Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
     Je ne puis troubler sa boisson.
– Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
– Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
     Reprit l'agneau ; je tette encor ma mère
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
– Je n'en ai point. — C'est donc quelqu'un des tiens :
    Car vous ne m'épargnez guère,
    Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.
    Là-dessus, au fond des forêts
    Le loup l'emporte et puis le mange,
    Sans autre forme de procès.


                                                    Jean de La Fontaine



Pour tenir le loup à distance, le savoir et le faire savoir


Cette fable m'a rempli d'effroi, enfant.

Si j'ai passé tant de temps sans la relire, c'est bien à cause du déplaisir particulier qu'elle me cause encore. Je n'y suis revenu que poussé par les évènements : tantôt se rapportant au loup, tantôt à l'agneau. Une telle insistance dans la célébrité ne peut être fortuite.

La première ligne, d'une brutalité extrême, condense tout le trouble et le paradoxe de la fable, et elle représente un chef d'œuvre de concision et de menace, souvent utilisé en citation.

Les questions posées ? Celle de la force de la raison. Et qu'est ce qu'une raison suffisante ? Et comment avoir raison de la force ? Faut-il se faire une raison, s'il y a une raison à tout ?

Le loup a raison de l'agneau. Et la raison, là-dedans ? À défaut d'avoir la raison, il a la suffisance, le loup ! Et même satisfaction, au moins pour un temps...

Mais sa raison, si c'en est une, ce n'est pas la raison. Elle n'est pas rationnelle ni raisonnable, peut être juste une cause obscure, parmi d'autres. Elle peut même être franchement malsaine, carrément folle, c'est une déraison. Une des raisons... C'est cachés dans l'inconscient qu'on peut en trouver des déterminants... Mais à quel prix on passe de l'article indéfini à l'article défini   Et l'adjectif possessif désigne ici la propriété, mais pas la valeur...Que vaut sa raison ? Demander l'avis d'un spécialiste ?

Hum... dit le psychiatre à qui je raconte mon embarras sur le cas... Une feuille ? C'est tout le dossier ? Mmm... Il « cherchait aventure », donc il est errant, (et seul, rien n'indique qu'il est à ce moment poursuivi, mais il se sent poursuivi, sans relation avec son groupe, pas tranquille, fâché ?) , il est « plein de rage », nous dirons : en proie à un état d'exaltation passionnelle adversive intense. Et que dit-il et comment ? « Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?... Tu seras châtié de ta témérité » Ah ! Il profère des invectives agressives, et des menaces...

Avec « tu la troubles », l'erreur de son jugement va jusqu'au déni de la réalité, dans une sorte de jouissance, peut- être ?, « et je sais que de moi tu médis l'an passé » , là, si ce n'est pas matériellement établi, il exprime des convictions persécutives déjà anciennes, ensuite quoi ? « si ce n'est toi, c'est donc ton frère... c'est donc quelqu'un des tiens, car vous ne m'épargnez guère... » oui, il n'entend rien ou si peu de ce qui lui est dit, il est méfiant, rancunier, et le délire de persécution se confirme rapidement sous la forme d'un complot général organisé et ourdi contre lui, et le voilà vindicatif « on me l'a dit : il faut que je me venge »... mais que sait-on sur qui est cet « on »? Pas grand-chose, un indéfini, mais avec des sous-entendus que le loup est peut-être le seul à entendre, une voix hallucinée... avec comme indice, qu'on ne voit personne de sensé qui puisse dire quelque mot que le loup entende, de près ou de loin... (Et souffrez un bref appui sur les deux points qui séparent, cette assertion du point suivant, y imprimant plus qu'une apparence de conséquence inéluctable, la présente pressante nécessité impérative immédiate... cela n'a pas échappé à l'oreille du bonhomme qui l'a transcrite...) et il va se « défendre » par un projet criminel sadique poussé par ses hallucinations... le mal pour le mal... et « là-dessus... », il passe à l'acte sans tarder... Le temps presse... C'est un persécuté persécuteur...

Là où le cas est intéressant, et oùil peut prêter à discussion, c'est par l'ambiguité qui se trouve amenée par d'autres données de la situation, « plein de rage » pourrait faire penser que son état est dû à cette maladie connue depuis l'Antiquité, on sait maintenant que c'est une encéphalite infectieuse causée par un virus neurotrope, dont Pasteur a fait un vaccin, mais ici, non, ce n'est pas possible .

Il fuirait la lumière et l'air extérieur, la moindre tentative de parler, de boire ou de manger lui resterait en travers de la gorge... Oui, il étoufferait de rage, c'est ça... Baver, oui, mordre par défense, mais incapable d'emporter une proie. Il aurait plutôt tendance à fuir, à se replier, le décès survient rapidement, quelques jours... Alors infecté, non... Infect, vous dites ? Vous savez, nous ne sommes pas là pour juger les malades...

Et « à jeun... que la faim en ces lieux attirait... au fond des forêts, l'emporte puis le mange... » peut faire croire que ce comportement, c'est la faim qui le provoque, mais ce n'est pas exact.

D'ailleurs, qui sait exactement ce qu'il lui a fait ? Qui suivrait un individu pareil au fond des bois pour savoir ce qu'il a fait à sa victime ? Ce qui est sûr, c'est qu'il l'a emporté, et que l'autre est disparu.

Pour rédiger le certificat de placement, il faudrait quand- même le voir, si, absolument, mais de lui même, vraisemblablement, il ne viendra pas... pour lui, peu de chances de se tromper avec un diagnostic de psychose délirante systématisée paranoïde... Vous avez un lien de parenté ?

De mauvaise foi, Monsieur Le Loup, vous dites ? Juste une impression ou une impression juste ?... Une drôle d'expression !... Un menteur ? Pas si simple... Si la foi, c'est la croyance, lui, il y croit à fond, à ce qu'il dit ! Au fond, c'est un passionné, il ne joue pas. C'est bien là, la difficulté, il peut avoir l'apparence de la cohérence, en gros c'est plausible, il donne le change, il peut avoir l'apparence d'un raisonnement clair, logique, mais bâti sur des convictions fausses et inébranlables. Il est persuadé. Mais c'est l'apparence seulement, et elle ne tient pas la confrontation en détail à la réalité.

Oui, il est bien poussé par des pulsions inconscientes, mais autres que la faim... C'est un cas qui pourrait intéresser un psychanalyste, mais ces sujets là, en général, les fuient comme ils fuient la vérité complexe de leur narcissisme, les vicissitudes du refoulement de leur désir homosexuel, l'origine de leurs projections et de leur recherche inconsciente de punition... Oui, bien sûr, c'est bien plus compliqué en détail, -avec un geste appuyé sur l'illustration couchée sur la couverture d'un livre [ (  `;‑ι ›‹>⋅º·~\]- Freud a écrit là dessus, avec Le Président Schreber, Lacan aussi bien sûr, des choses très éclairantes dans ses Propos sur la causalité psychique et ils ont permis des avancées considérables dans la compréhension de cette forme de trouble mental, pour ne pas dire folie. S'il est malade ? C'est un grand malade ! S'il est responsable ? Mais je viens de vous le dire, c'est un malade mental, et à ce titre, il a une responsabilité ou nulle ou très atténuée... Curable ?... Euh... Ah !... S'il est dangereux ? Vous n'avez qu'à voir... Et souvenez vous, « Homo lupus homini... L'homme est un loup pour l'homme ! ». Bonsoir...

Et l'agneau ? Est il la candeur et la naïveté énonçant des évidences péremptoires et simplistes, où peut le cantonner un commentaire lapidaire et réducteur ?

Avec des connaissances mathématiques et topographiques assurées : « plus de vingt pas au-dessous d'elle... », il développe un raisonnement d'une logique sans faille : « et que par conséquent, en aucune façon... » Il manie une logique drôlement précise et élaborée, pour son âge, non ?... et de plus, avec le respect de son interlocuteur, le questionnement ouvert à l'échange contradictoire, le raisonnement hypothético-déductif, le sens juridique et un calme socratique, par sa présence d'esprit pendant la terreur, devant le pire inconnu...

Le texte : « Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? » peut se lire  »si je n'étais pas né, comment l'aurais-je fait ? », proposition ouvrant un espace d'hypothèses, conditionnel, un espace très précieux pour envisager des possibles, qui laisse la place d'une ou plusieurs réponses, et s'occupe du comment, scientifique et réaliste, (et pas d'un pourquoi finalement métaphysique), et va s'appuyer ensuite sur un aveu émouvant, mais qui sert aussi de déclaration factuelle d'activité temporaire, ouvrant éventuellement des droits sociaux: « je tette encor ma mère », non dénuée, en outre, de conséquences morales et légales concernant la protection juridique des mineurs...laissées encore à l'appréciation de son interlocuteur et des témoins.

Il y a de quoi être perplexe, sur son âge réel. Il a au moins l'âge de raison, cet objecteur surdoué, cet agneau de La Fontaine, qui dit en douze vers bien lisibles ce que je peine encore à expliquer en bientôt trois pages, et peut être qu'il triche un peu sur son âge... C'est compréhensible, mais il a besoin de temps, et le temps, travaille pour lui...

Et il est bien seul, ce petit...Au fait, c'est un petit ou une petite ? La puberté parait encore lointaine, et rien ne permettra de le savoir. Et d'ailleurs, où sont passés sa mère, son père le bélier, ses cousins et ses cousines ? Alors quoi ? Il peut rester seul, il est en avance, c'est un penseur solitaire, mais pas un égaré. Malheur aux isolés ?

Cet agneau, c'est clair, il ne fait pas partie des moutons. Il n'en fera jamais partie. S'il tête sa mère, il boit aussi à d'autres sources. Et La Fontaine est au courant, entre cet agneau-là, et lui, le courant passe... Un précurseur de génie ?

Il avance des arguments vérifiables, et il n'est pas sans intérêt de voir qu'ils sont fondés sur le sens irréversible du temps, qui est celui qui fait l'ordre des générations, et l'histoire, par la même occasion. Arguments très forts, au sens où ils sont appuyés sur la filiation, la parenté, et l'écoulement du temps. Ils sont intelligibles, et peuvent être partagés par tous. L'agneau met presque tout le monde de son coté, mais dans cette situation, ses démonstrations ne lui servent à rien. Enfin, pas tout à fait. Elles lui servent à nous faire passer un message.

L'effet est cependant plus convaincant sur moi, que concluant sur l'argumentation du loup, qui veut avoir raison mordicus, et à défaut de pouvoir répondre, se livre à l'amalgame, et s'excite de plus en plus dans un système délirant et embrouillé, où juge et partie se confondent, et apparaissent punition pour l'exemple, et responsabilité collective, contraires aux fondements légaux ordinaires...

Voyons leur échange... Il se réduit à très peu, en fait. Le loup est enfermé dans sa paranoïa délirante, et ne peut entendre grand-chose. Il reste sourd à l'appel à la raison de l'agneau, qui se fait encore plus petit, conciliant et très raisonnable. Ses démonstrations, rationnelles et concluantes dans la réalité, échouent à le ramener à la raison, et révèlent une exaltation dans les péroraisons du loup allant croissant.

Mais il est difficile de percevoir très clairement que rien ne pourra suffire, qu'il a affaire à un dangereux inconnu dont la raison a sombré, et dont les buts sont ailleurs. Hors du champ de la raison.

Aurait-il mis le loup en fuite, en lui bêlant faiblement « je suis malaaaâde, je suis crevéééé, ils m'ont chassé du troupeau, ils disent que je suis contaaaagieeeeeux, que c'est la tremblaaaante... séropositiiiiiif, qu'est ce que ça veut diiiiiire, vous saveeeez, vous ? » ?

Peut-être, mais pour élaborer les stratégies réalistes du machiavélisme il faut bien plus de temps, même mûr pour son âge, peut-être même l'âge mûr...

Et avoir, les moyens de le mettre à la raison, c'est à dire la force, c'est bien ce qui manque à l'agneau.

La question se précise: Comment la force de la raison peut-elle mettre la force à la raison ?

C'est que la raison véritable, celle qui comprend la nature des choses, celle qui est pour nous comme un rayon de lumière dans le trouble et l'obscurité des mécanismes du monde, est quelque chose de bien fragile.

Et même la lumière qu'elle projette, et le plaisir qu'elle nous procure en ce monde, peut facilement disparaître. Même si elle réussit à nous faire comprendre mieux ce qui nous entoure, elle peut être balayée, anéantie. Privés de cette compréhension des mécanismes du monde qui nous entoure, nous sommes aussi à l'aise que nos ancêtres quand il n'avaient pas le feu, dans l'obscurité des nuits sans lune, dans l'attente angoissée de l'imprévisible.

Autrement dit, les trésors de la raison rassemblés dans la culture et dans les sciences doivent être défendus, comme le feu entretenu.
Ils n'existent, ils n'ont de poids, que pour autant qu'on a les capacités et qu'on prend les moyens de les défendre, et l'agneau nous fait redécouvrir une manière de plus, non violente et démocratique de les protéger : les transmettre, les partager librement, c'est les défendre.

Un homme averti en vaut deux, la voilà l'autre morale, celle que le fil de l'eau de l'histoire et de La Fontaine continue de nous dire. Avertis à l'avance, le temps de se préparer, la raison peut trouver la meilleure solution. L'information contient une puissance.

Le premier vers de la fable, est très brutal, mais le deuxième contient voilée, une anticipation ambiguë angoissante ou démonstrative. Quand « tout à l'heure » veut dire « sur le champ », il y a de bonnes raisons que « tout de suite » vienne plus tard... mais, chose étrange, s'y trouve aussi la meilleure solution que propose discrètement La Fontaine, à la suite de Phèdre !...

« La raison du meilleur est toujours la plus forte. » a repris Victor Hugo... parce qu'on peut espèrer qu'elle le deviendra.(... lui aussi, marqué, par la fable, et l'histoire ?...)

Les loups continuaient à manger sans histoire les agneaux, mais celui-ci fait des histoires, il en fait toute une histoire, avec des complices. Valait-il la peine d'en faire une histoire ? Ne s'en remet-il pas à nous, pour bon usage, à charge de transmission ?

Il donne son pouvoir à l'histoire.

Le passé est un présent pour l'avenir. Parfois pesant. Sans mémoire, pas de figure, pas d'histoire, pas de mémoires sans histoires... les histoires se répètent souvent... à force ou à raison, il fait l'Histoire. L'agneau est mort, oui, mais peut être pas bêtement, et pas inutilement. Et encore, a-t- il vraiment complètement disparu si nous en parlons encore ?

La découverte et l'information sont très importantes, mais la représentation qui en est donnée l'est aussi.

Des années, voire des siècles de perfectionnement de la représentation pour devenir plus lisible, plus accessible, plus parlante, plus claire avant une formulation fixée, définitive ou presque. Représentation, communication, pédagogie, poésie...après Esope, puis Phèdre, et des siècles, La Fontaine, trouvant les moyens pour avertir les grands en alertant les petits, nous offre une représentation... fabuleuse.

Mais quand maintenant, la science dans sa curiosité, permet de s'affranchir, par la compréhension des mécanismes qu'elle nous procure, de l'espace et du temps, même des liens de la parenté, elle enlève la confiance et l'évidence de la vérité des arguments de l'agneau.

Si cet agneau s'appelle Dolly, et s'il est le résultat d'un clonage, qui peut dire alors s'il est la fille, la sœur jumelle, ou la mère, ou qu'est-ce qui peut lui permettre de dire qu'il n'a ni sœur ni fille ? On ne sait plus dans quel sens l'eau coule encore, peut-être ne s'agit-il plus que d'une mare, ou l'eau est immobile, ou bien peut aller de l'agneau vers le loup, ou du loup vers l'agneau, ou même ne pas bouger du tout.

Le clonage apporte des progrès incontestables sur le plan scientifique, mais le trouble qu'il produit dans l'ordonnancement des générations, dans la détermination habituelle des liens de parenté, et dans la sécurité de notre raison, appuyée sur les trois grands interdits, le cannibalisme, l'inceste et le parricide, dont la psychanalyse a souligné l'importance fondamentale pour la société des hommes et la séparation de la raison et de la folie, rend bien cette raison plus vulnérable aux attaques de la paranoïa d'un loup dictateur, et nous avons encore à réfléchir à la représentation de tout cela, et bien des raisons de ne pas être tranquille.

Cependant le malaise reste tenace, dans le silence qui suit « sans autre forme de procès. ». Menace, terreur, tristesse ou désolation ? Point, point d'autre procès -verbal- , mais le processus s'est poursuivi « au fond des forêts », sans témoin, hors de toute relation ultime autre qu'imaginée... Cela serait-il le fait du même bois que celui où rôdent encore, entre des troubles enchantements et de cuisantes désillusions, nos angoisses archaïques d'être dévorés ? Les deuils du tout-petit commencent dès sa naissance, et entre plaisirs et souffrances, régulièrement taraudé par une faim de loup, il ne tarde guère, voué à une fin inéluctable pressentie confusément, à se la représenter mangé, avec un accent aigu dramatique, dans l'entourage des grands -je l'ai eu cru- , ogres des heures de repas de famille...

En apprivoisant le jeu des mots, où le désir et le goût pour lui de ses parents marqueront des limites où il pourra être, il se rassurera assez pour faire confiance à une parole donnée, mémoire fondatrice d'une rationalité possible, et d'un règlement du monde, ancrage probable d'une éventuelle culture... possible, oui, mais pas certaine et la preuve reste toujours à faire, l'histoire le rappelle. Le loup revient comme l'irrationalité du destin, empruntant la voix de la folie, pour rappeler l'inévitable actualité du chaos, si ce n'est de l'absurde, où la seule régularité marquant ici le début comme la fin, est celle de l'emporte-pièce.

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